Lefeuvre

Mon père, Marcel Victor Marie LEFEUVRE, Matricule 59446, Kommando 1012, (décédé en 1986) parlait souvent de ses années (4 je pense),passées au Stalag II B et des dures conditions de vie là-bas.

J’étais petite et je n’ai pas tout mémorisé…

Peu à peu au fil des ans, il en a moins parlé.

Il a travaillé en Kommando : une scierie, des fermes où ils étaient plus ou moins bien traités et mal nourris (volant parfois la nourriture des cochons).

A la base mon père était un jeune typographe dans une imprimerie de Rennes. Donc la vie de paysan était une découverte.

il a appris à traire les vaches, a souffert d’un coup de sabot d’un cheval de trait, etc…

Une fermière étant particulièrement mauvaise, ils lui ont tué et mangé son chat !...Et ça aurait le goût du lapin…Ce qui m’horrifiait petite car j’adore les chats…Après j’ai mieux compris…

Des colis de la Croix Rouge arrivaient mais qui avaient été « ponctionnés ». Malgré tout il semblait éprouver une certaine nostalgie pour la solidarité, l’amitié, l’entraide avec d’autres prisonniers, notamment un Belge, surnommé Leopold, à cause du Roi de Belgique (des liens avaient été gardés juste après la guerre et mes parents sont allés lui rendre visite à Liège (j’ai une photo de leur famille), un instituteur aussi, surnommé « Schulmeister ».

Après la guerre, le groupe de camarades a essayé de garder le contact, mais chacun retourné dans sa région, ils se sont perdus de vue. Durant ses années de captivité, il a appris un peu l’Allemand car tous les gardiens n’étaient pas horribles semble-t-il.

Je sais que la hantise de mon père et ses camarades était d’être récupérés par les Russes au moment de la libération du Stalag…

J’ai le livre de René Tardi à la maison et j’ai découvert des choses dont papa ne parlait pas…mon père était sévère et exigeant pour nos études.

Il a fait une très belle carrière à la SNCF, c’était un homme d’une grande rectitude morale et d’un dévouement total à sa famille. Parfois il était d’humeur sombre…Compte tenu de ces pénibles années (qui ont sûrement abrégé sa vie au final), je suis totalement admirative de sa grande force intellectuelle et morale.

Papa est né en 1919, donc ses belles années se sont passées au Stalag II B, alors que moi au même âge j’étais tranquillement en Fac…grâce à mes parents…

Je vous adresse ces quelques photos en ma possession, pour que les souffrances endurées ne soient pas oubliées.