Première lettre de prisonnier

Si sa
famille est sans nouvelle de lui depuis cette lettre du 10 mai, mais
tous pensent, au fur et à mesure que le temps passe qu’il est vivant et
assurément prisonnier. Annotation qu’il a rajoutée au verso d’une
lettre :« la plupart des noms de ceux qui sont morts au
front ont été annoncés courant mai, mi-juin pour les derniers »).
Mon arrière-grand-mère reçoit le 24 juillet une carte
datée du 28 juin et envoyé le 3 juillet par les autorités
militaires. : Elle lui annonce que son fils est prisonnier de
guerre au stalag II B à HAMMERSTEIN, qu’il est en bonne santé et qu’il
a le matricule N° 72 810. A l’instar des autres prisonniers, son nom
est publié dans la presse locale.

A RÜGENWALDE, ils sont rapidement plus de
150 prisonniers français et quelques étrangers francophones. Ils sont
affectés dans différents kommandos, au sein de fermes, de scieries, de
fabriques ou chez des artisans.
Pépé Jules est dans la ferme du château
de RÜGENWALDE (le nom des propriétaires a été oublié) qui a son propre
moulin et qui est située sur les bords de la WIPER.
Kommando : N° 1042.
D’après ce qu’il a
raconté bien après la guerre, s’ils sont si loin du camp, c’est
justement parce qu’ils sont français et que la FRANCE est très loin.
Cela limiterait les possibilités d’évasion, d’autant plus que personne
parmi eux ne parle l’Allemand, qu’ils ne savent pas vraiment où ils
sont et que les autorités militaires allemandes leur ont précisé qu’ils
sont solidaires les uns des autres : Si l’un d’eux s’évade, tous
au sein du même kommando, seraient remmenés au stalag et sévèrement
sanctionnés. Mais surtout, tous espèrent être libérés dans un avenir
pas trop lointain.
C’est là qu’il fait la
connaissance de 4 prisonniers de guerre vivants en VENDEE et affectés
dans une scierie, il les voit tous les jours et sera ami avec eux (et
avec d’autres) jusqu’à la fin de sa vie.
Les autres sont ses
camarades de chambrée et de kommando, (Ce sont les seuls noms qui se
trouvent dans son carnet) : André CHABOT ( agriculteur, La
CHAPELLE ACHARD, VENDEE), Henri IOOS (VENDEE), Lucien FERRE (VENDEE), M
HUVETEAU (VENDEE), Roger JOACHIN (agriculteur, CHEVANNES-CHANGY,
NIEVRE), Henri ROSSIGNOL (coiffeur, MONTRICHARD, LOIR et CHER),
Célestin MAILLET (HUSSEIN, ALGER), César BOUDART (ingénieur agronome,
HAINANT, BELGIQUE), Louis BOULANGERIE (PARIS XVIII°, SEINE), Maurice
GALLERNE (PARIS XVIII°, SEINE), Jérôme EDOUARD (NANTERRE, SEINE),
Camille FLEURY (REBRECHIEN LOIRET), Lucien DAME (PARIS XIV°, SEINE) et
Alexandre GIRARD.




Mon
grand-père et 2 de ses amis de kommando dans la ferme où ils sont
affectés (ils sont issus de son régiment).
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L’une des lettres qui fournies par ses
geôliers qu’il a envoyée à ses parents
les prisonniers ne sont autorisés qu’à
envoyer 1 lettre de ce type par mois

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Quelques jours après cette première
carte, il est autorisé à envoyer une courte lettre et écrit à ses
parents qu’il va bien, que de nombreux prisonniers sont « de
chez lui » (du 95°RI car il est le seul du CHER) et qu’il
espère bientôt être de retour.
A partir du 8 août, il commence à leur écrire plus
fréquemment et surtout à recevoir du courrier. Il n’écrit pour le
moment qu'à ces parents car il n’est autorisé « qu’à écrire 2
cartes (8 lignes) et 1 lettre par mois (26 lignes) »
sur du papier fourni par les allemands. Mais il peut recevoir du
courrier sans trop de limites.
Dans ses premières lettres, il affirme être en bonne santé et
travailler au moulin dans un cadre agréable avec 4 autres prisonniers
(dont 3 issus de son régiment), que leur patron et les civils avec qui
ils travaillent sont très gentils : « «nous ne sommes pas
considérés en ennemis mais en amis ». Il précise aussi qu’ils
sont bien nourris. Il gagne 4 riechmarks par semaine. Ils
travaillent 9 h par jour, 6 jours par semaine, ils déjeunent le matin à
8 h 30 (ils ont une ½ h), ils se rendent sur leur lieu de travail
accompagnés d’une sentinelle ou d’un ouvrier avec qui ils travaillent
et déjeunent le midi sur place (ils ont 1 h et ½). Le dimanche, ils en
profitent pour laver du linge, jouer aux dames ou aux cartes.
Mon grand-père en profite pour apprendre
l’Allemand. De plus, ils reçoivent 2 journaux français par semaine.
Il dit être bien logés
(avec tous les autres prisonniers placés dans ce secteur) avec
réfectoire, dortoirs, douches et lavabos, dans des baraquements bien
chauffés. Ils sont 8 par chambres et chaque prisonnier bénéficie de « 2
couvertures et d’une paillasse ». Il indique même « que
certains en FRANCE devraient prendre exemple et proposer à leurs
ouvriers des conditions de logements comparables ».
Il explique les règles à
suivre concernant l’envoi de colis, et demande des nouvelles de ses
cousins Henri DEPARDIEU, Roger RAT et René GRANGIER qu’il pense comme
lui prisonniers (en fait, seul Roger l’est). Sa mère lui envoie
quelques photos (non retrouvées) et lui apprend que l’un des ses amis,
Léon RAFFESTIN « qu’il a vu seulement ½ h avant sa
capture » n’est pas prisonnier et est rentré à AUBIGNY.
Il reçoit 2 colis de 5 kg par mois, il précise par courrier à ces
parents ce dont il a besoin (linge, vêtements chauds chaussons…..) En
fin d’année il commence à entretenir une correspondance régulière
avec son patron et ma grand-mère, et écrit « qu’il fait
toujours ses 72 Kg ». Le nombre de lettres et de cartes
mensuelles a été légèrement augmenté.
Il termine régulièrement ses lettres en répétant son espoir de les
revoir dans un proche avenir.

1941
Début 1941, il écrit à ses parents qu’il a reçu pour Noël, comme
l’ensemble des prisonniers, un colis de la Croix Rouge et de l’Etat
Français contenant 2 Kg de biscuits. Il espère que cette nouvelle année
sera celle du retour.
Ses parents se sentent un peu plus
rassurés grâce à l’article précisant la liste des camps de prisonniers,
car ils situent géographiquement le stalag II B. L’hiver est froid, les
températures oscillent entre –8°C et –4°C.
Il travaille au moulin où il fait des
sacs de farine toute la journée.
Il apprend que M. GODEFROY a eu « un
très beau geste pour lui » et l’en remercie très
chaleureusement, mais a hélas la confirmation fin janvier, de mort de
certains de ses amis dont celle de BEGUIN « c’est bien triste
pour la disparition des hommes que vous m’avez énumérés. Pour ce pauvre
Bégin, cela correspond bien à ce qui m’a été dit au mois de mai, je
n’avais jamais voulu en parler ».
Il demande à ses proches que ses colis
contiennent surtout du linge, des vêtements, des affaires de toilettes…
mais pas de nourriture, il est conscient des restrictions qu’ils
subissent en FRANCE mais il reçoit tout de même quelques denrées :
Ma grand-mère lui expédie quelques fromages de ferme et ses parents
diverses victuailles : « Vous me parlez aussi que vous
avez la carte sur tout, c’est bien pénible de voir tout cela
aujourd’hui, la FRANCE est un pays si riche, si beau. Prenons patience,
nous revivrons les jours heureux que nous avons vécus. Un pays comme la
FRANCE ne peut pas mourir ».
Mais les conditions de vie qu’il décrit correspondent-elles à celles
qu’il vit vraiment ? Après la guerre il notera sur la carte du 9
février 1941 « mensonge : 25° en janvier »…….La
plupart de ses lettres et cartes jusque là commencent pourtant par une
même phrase dans laquelle il affirme être en très bonne santé, être
bien nourri, et bien recevoir ses colis.
Début février, il pose de nombreuses questions à ses
parents sur ses proches et son village : « La guerre a
changé bien des situations. Est-ce qu’à AUBIGNY la chemiserie marche
régulièrement ? Mon cousin Henri, où travaille-t-il ?
Connaissez-vous le nombre de prisonniers d’AUBIGNY ? Mon régiment
en a fourni pas mal, hélas aussi des morts. Dans votre voisinage, les
prisonniers sont-ils nombreux ?. Ils lui apprennent encore la
mort d’autres camardes dans la « débâcle des FLANDRES ».
« Le nom des morts n’a pas toujours été facile à
relever, des régiments, des divisions, étaient ramassés journellement,
il était impossible de faire l’appel pour connaître les manquants.
Maintenant, il y a plus d’espoir depuis 8 mois »
Avec l’arrivée du printemps, il leur
demande des livres, comme La Vie de CHARCOT, d’anciens numéros du
journal « SANCERRE » et de la revue « CONFIDENCE »,
la lecture est l’une de ses rares distractions. Il apprend que l’une
des sœurs de ma grand-mère, Madeleine FOUCHER se marie « Elle
a raison, pourquoi attendre ».
Il avoue enfin début mars « être légèrement malade »
et écrit : « voilà un an aujourd’hui que je vous quittais, ma
permission étant terminée. Malgré les durs moments vécus, le temps
passe. Il y a 2 ans ce mois que j’ai été rappelé, avec mes 2 ans de
service, cela fait quand même 4 ans que je porte le kaki ».
Début avril, un nouveau système pour les colis se
met en place : Il reçoit chaque mois du stalag deux étiquettes
(une bleue et une rouge) qu’il joint aux courriers pour l’envoi des
colis. « Ça fait plaisir de recevoir des douces choses de
FRANCE ».

cartes pour les colis,
une blanche ancien système, une bleue nouveau système
Courant mai, alors qu’il travaille toujours au
moulin, il apprend que certains prisonniers commencent à rentrer en
FRANCE : « Sur 150 que nous sommes environ, 1 seul est
parti sur demande de la FRANCE (…). De nombreux malades ont
rejoint le stalag, et paraît-il plusieurs d’entre eux seraient rentrés
en FRANCE ».
Il commence début juin à travailler dans les champs de betteraves et
demande comment s’annoncent en FRANCE récoltes et cueillettes. Il
observe que « Les anciens combattants de 14-18 vont partir,
c’est normal, ainsi que les pères de 4 enfants et plus, et certains qui
ont « de la veine », enfin soyons patients.(…) Notre tour
viendra aussi, mais quand ? ».
Il apprend par d’autres prisonniers
l’importante misère en FRANCE, les légumes, en particulier sont chers.
Il se renseigne pour envoyer ses économies à ses parents, un riechmark
devant être payé 20 F. Mais fustige « un sur AUBIGNY qui se
distingue pour une fois, qu’il en profite avec sa clique et rigole de
tout cela ». S’il pense continuer à joindre encore
l’étiquette bleue, il pense n’envoyer la rouge qu’une fois tous les 2
mois, pour ne pas « obliger » ses parents.
Il reconnaît encore début juillet avoir eu la dysenterie et subi de
dures privations en arrivant en POLOGNE. Il rajoute que « Si
certains ont du théâtre, d’autres c’est la chasse aux poux et aux puces
qu’ils ont pour distraction, pas besoin d’être chez moi pour voir où
vous en êtes rendus. La CHAPELLE D’ANGILLON a donc souffert de la
guerre en juin 40 ? La drôle de guerre ».
Les moissons commencent en août, il
travaille alors aussi le dimanche et gagne jusqu’à 1,15 reichmarks par
jour (une partie de ce qu’il gagne sert à payer le logement, le
médecin, la nourriture, le chauffage…), il envoie donc à ses parents 60
reichmarks, et prépare un second mandat de 80 reichmarks.
Etant désormais certain de passer un
autre hiver en POMERANIE, il demande des vêtements chauds et dans la
mesure du possible du pain d’épice. Mais les pénuries sont partout.
« En FRANCE cette année la ficelle lieuse aura manquée, quelle
pénurie quand même. Pénurie en FRANCE, pénurie dans l’EUROPE entière.
En FRANCE, les paysans sont à l’honneur plus que jamais, pour les
procès aussi. Ils n’ont pas eu le temps de connaître les lois qui les
entraves chaque jour. » « La faim aura raison de bien des
choses ». Son moral est alors bien loin d’être au beau fixe.
En septembre, le mauvais temps entrave les moissons,
il apprend que l’une de ses sœurs a été agressée, mais les responsables
ont été appréhendés et la justice fera son oeuvre.
Il reprend les travaux des champs (il
rentre le regain). Mais les rations ont été diminuées, il demande à son
patron de lui envoyer des châtaignes (« surtout pas de fruits,
ils pourrissent »). Pour en obtenir, il lui suggère d’aller à
la ferme des Blinières à ENNORDRE (là où il est né et où son père
travaillait) ou à la ferme des Vives à AUBIGNY auprès de Désiré.
Il envoie une photo de groupe (celle
ci-dessous), en reçoit quelques-unes (non retrouvées) et écrit encore «
Toi mère chérie, tu es désolée par instant, ainsi que ma petite
Juliette ; Regardez bien les choses en face. Mettez-vous à la
place de ceux qui ont perdu les leurs, ils ne reviendront jamais. Dans
un temps plus ou moins long nous rentrerons. Le temps ou l’on mangeait
à sa faim et l’on buvait à sa soif reviendra aussi, et l’on saura un
peu mieux l’apprécier. »

récolte
du regain, mon grand-père debout au centre et André CHABOT est au
premier plan, il a délaissé quelques peu la scierie

photo de groupe recto
Une
photo de groupe avec son kommando et quelques autres kommandos voisins
(certains prisonniers sont affectés à des fermes voisines et d’autres à
la scierie) qu’il envoie à ses parent à l’automne 1941.
Debout
se trouvent de gauche à droite : Roger JOACHIN (en deuxième
position), Jules DOUCET (en quatrième position), et André CHABOT (en
sixième position).
photo de groupe verso

Alors qu’il prépare un 3° envoi d’argent
(80 reichsmarks), La nourriture est de nouveau restreinte, cette fois
de moitié, la margarine remplace le beurre et les achats d’affaires de
toilette deviennent très difficiles. Il a avec les journaux qu’il
reçoit de FRANCE « un peu de mensonges à lire ». Il
n’y a, pour le moment, plus de libération de prisonniers. Les
conditions de logement deviennent plus difficiles car ils sont
maintenant plus de 200 prisonniers, mais tous espèrent en novembre que
celles-ci soient améliorées avec le passage d’un officier inspecteur.
Les sentinelles les autorisent maintenant malgré tout à sortir le soir
à tour de rôle à condition qu’ils reviennent avant la nuit.
En décembre, l’ordinaire s’améliore un peu et chaque
prisonniers reçoit un colis « PETAIN » (biscuit, sardines,
tabac). Ne fumant pas, il fait profiter les copains du tabac. Il fait
froid, il se fabrique alors un édredon avec de la balle d’avoine. Les
libérations de prisonniers ne reprennent pas, même si une rumeur
prétend que les orphelins de la première guerre pourraient être libérés
sur présentation d’un certificat. Il a toujours le sien, mais n’y croit
pas, surtout qu’il faut un extrait de jugement que ni ses parents ni
lui ne possèdent. Pour assouvir son besoin de lire, il leur demande un
almanach et des livres documentaires. Il expédie un 4° mandat (80
reichsmarks), est heureux d’apprendre que Julien SIGURET de JOU (le
plus jeunes des frères de Léon SIGURET) se marie, mais fustige encore
la presse française :« que de mensonges contient la presse
française ».

Deux des cartes qu’il a envoyées à ses
parents et qu’il a annotées après la guerre (en vert)
1942
En ce début d’année 1942, alors qu’il est le seul prisonnier originaire du CHER
se trouvant à RÜGENWALDE, il découvre que son plus proche
« voisin » est Roger JOACHIN agriculteur dans la NIEVRE. Ce
dernier fait maintenant parti de sa chambrée, il travaille chez un
boulanger et les aide ainsi à améliorer le ravitaillement. De plus ils
partagent leurs colis et se promettrent de se revoir après la
guerre : « c’est la fraternité ».
Il écrit à ses parents : « Le bonheur, n’en
parlant pas, cela serait trop dur, oui, (…) quand je serai auprès de
vous. Comment pouvez vous encore croire tous les bobards qu’on vous
raconte au sujet de notre libération ? Pas songer à la libération,
maintenant, avant la fin de ce terrible fléau qui ravage l’univers.
Nous, prisonniers, nous possédons courage et moral pour attendre ce
jour encore éloigné. »
Il est heureux d’apprendre que deux de ses bons amis,
Robert BUREAU et Roland BEZARD se marient, « ces jeunes gens
sont chanceux ».
Sa sœur lui envoyant du pâté de lapin, il l’interroge sur
le braconnage, car la chasse étant interdite, les lapins pullulent.
Mais gare à ceux qui se font prendre en train de poser des collets. Il
a des difficultés à apprendre l’Allemand car les habitants du village
parlent « une sorte de patois », mais, tant bien que
mal, il y arrive.
Début févier, ils sont sous la neige, « L’Albinienne » lui
envoie du miel. Il écrit à sa sœur : « La masse des
prisonniers, à mon avis, ne rentrera pas avant la fin des
hostilités ».
S’il reçoit en mars, des confitures « qui ont été
fouillées », il n’est autorisé ce mois-ci qu’à envoyer 2
lettres.
En avril de nouvelles restrictions sont imposées : Ils n’ont
plus droit qu’à une seule étiquette par mois pour un colis de 5 kg. Il
se rend chez le dentiste, il a un début d’infection et doit se faire
refaire 2 plombages (11reichmarks).
Pas de travail
le 1° mai.
Puis, « Aujourd’hui 17 mai, 2 ans de captivité, triste anniversaire, tristes
souvenirs. Ca commence à compter ». Il reçoit quelques œufs et avec son ami
Roger JOACHIN qui a reçut du jambon, ils se font avec d’autres une
bonne omelette (un autre fourni des pruneaux pour le dessert), « cela
faisait un long moment que nous n’avions pas si bien dîné ».
Car s’ils ont sans trop de difficulté des légumes pour la soupe (5 kg
de pommes de terre « non épluchées »), pour le reste
ils n’ont plus droits qu’à 150 g de saucisson, 150 g de margarine, par
semaine, 350 g de pain par jours. Pour le matin du café et des biscuits
de soldat (« autrement dit de l’eau bouillie »).
En juin, il envoie une nouvelle photo de groupe.

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photo
de groupe prise sur les bord de la WIPER :
Jules
DOUCET premier accroupi à gauche,
André
CHABOT au milieu debout
(2
exemplaires envoyés à ses parents et à ma grand-mère)
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En juillet, il écrit : « 2 ans aujourd’hui,
j’arrivais dans cette petite ville située au bord de la BALTIQUE, j’en
emporterai un drôle souvenir ». Ils ont de nouvelles
distractions comme le cinéma (des films allemands de propagandes pour
l’essentiel), mais encore moins à manger. L’un des ses copains de
captivité, M. HUVETEAU (de VENDEE), veuf, est rappelé en FRANCE auprès
de ses jeunes enfants (en fait il restera plus d’un mois au stalag
avant de repartir chez lui).
A partir d’août, la viande devient vraiment très rare,
et ce sont les colis qui la leur fournit pour l’essentiel, mais
celle-ci arrive souvent moisie. Il écrit alors à sa famille : « Pour
obtenir des bonnes conserves dans une boite soudée, après la 1° cuisson
au bain-marie, répétez la même chose 2 ou 3 jours après ».
Il apprend que son oncle Albert vient
d’être libéré, mais Roger JOACHIN ne peut l’être, le fait que sa mère
soit seule à la ferme ne suffit pas. Il retrouve aussi quelques copains
du 95° RI qu’il n’a pas vu depuis qu’il est à RÜGENWALDE.
Il écrit à sa sœur Lucienne pour ses 22
ans « Je vais finir par croire que pour 9 mois de guerre je
vais faire 6 ou 7 ans comme ceux de 14-18. Une grande misère se prépare
pour l’année prochaine, et même pour l’hiver prochain. Au point de vue
alimentaire, tout est en déficit en EUROPE, l’agriculture manque de
bras, d’engrais, de carburant, et où en est le cheptel européen et
principalement le beau cheptel français qui faisait l’orgueil du paysan
qui aujourd’hui disparaît journellement ? », « La
récolte des pommes de terre promet-elle cette année, c’est à souhaiter,
car à l’heure actuelle, c’est un légume indispensable ».
Il reçoit quelques photos de sa famille
(non retrouvées)mais tombe malade. Il apprend par un journal belge que
ceux de la classe 35 seraient renvoyés dans leurs foyers, « ils
ne sont pas plus crédibles que les journaux français ».
A partir d’octobre, les rations sont enfin un peu plus
conséquentes, celle de saucisson est plus importante et celle de pain
passe à 500 g. Il fait quelques photos (prises les 11 et 12 octobre)
pour ses proches (une ou il est le seul, et une avec 3 des ses
camarades).
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photo de
groupe prise le 12 octobre sur les bords de la WIPER :
de gauche à
droite : Roger JOACHIN, André CHABOT, Jules DOUCET (2 exemplaires
envoyés à ses parents et à ma grand-mère)

Photo
prise le 11 octobre 1942,
En 7
exemplaires, pour ses parents, ses sœurs, ma grand-mère et quelques
amis. La cigarette est là pour qu’il continue à en recevoir pour ses
copains.
Au
verso comme toutes les photos :
ses
nom, prénom, numéro de matricule et kommando avec nom et adresse du
destinataire sont mentionnés
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Il joint ces photos dans sa lettre du 8
novembre « Le copain de la NIEVRE est à gauche, les 2 autres
travaillent avec moi, ils étaient du 95 RI, nous mangeons à la même
table, nous nous entendons bien ».(…)« Nous venons
d’apprendre que des forces anglo-américaines ont débarqué en AFRIQUE du
Nord ». La nourriture s’améliore encore : Ils ont parfois
même droit à du cacao au lait, des haricots sautés, ou encore du riz au
lait à la vanille.
Le 11 novembre, ils payent 2 couronnes pour rendre hommage à 2 des
leurs, morts cette année.
Les fêtes de
fin d’année approchent, et l’un d’eux élève en douce un lapin pour
Noël, le temps est doux, ils jouent au ballon.
Il écrit
début décembre : « Et nous autres ?
Ah cette fois, le 1° janvier 43 nous pourrons dire c’est cette année.
Oui cette année nous retrouverons nos chers aimés, qui nous attendent
depuis de longues années de souffrance. Quelle joie ce jour là,
retrouver les siens, son village. »
Depuis le 27 novembre 1940, il a reçu 67
colis représentant 330 kg, sans compter les colis collectifs de la
Croix Rouge ni ceux de l’Etat Français. « Courage la fin
approche »


1943
Début 1943, il va bien, l’hiver est doux, ils sont bien mieux
nourris, mais n’ont plus le droit d’expédier autant de courriers. Les
colis mettent du temps à arriver : il reçoit le 4 janvier un colis
expédié le 14 novembre. Il travaille toujours au moulin et écrit :
« Et maintenant, voici l’année 43, assez de sang versé,
assez de misère, assez de larmes versées. Les estomacs ont faim. Le
Jour de l’An, les vœux échangés entre nous prisonniers, furent tous les
mêmes ». Il fait le point sur les mandats qu’il a envoyés à
ses parents. Ils ont pu acheter ½ porc avec le dernier et lui ont
envoyé en retour quelques morceaux en conserves. Il assiste à une pièce
de théâtre jouée par les prisonniers d’un kommando voisin.
Il fait si doux en février qu’ils peuvent rapidement commencer à
jardiner. Se doutant que les semences manquent en FRANCE, il conseille
donc à ses parents d’aller chez M. GODEFROY pour s’en procurer, et leur
demande aussi quelques condiments (thym, laurier, échalotes, oignons).
L’un de ses copains, originaire de GIEN (LOIRET), libéré (marié, père
de 2 enfants) début janvier doit passer les voir.
Il est content d’apprendre que son cousin René GRANGIER s’est récemment
marié avec Madeleine LEFORT de la ferme des Damais (OIZON).
Début mai, il attrape la grippe et les autorités
allemandes proposent aux prisonniers, une sorte de changement de
statut :
Ceux qui le
souhaitent peuvent devenir des travailleurs civils avec certains
avantages comme 14 jours de permissions. Il écrit : « Aujourd’hui,
on parle de prisonniers qui vont devenir civils. Vous savez, il y en a
déjà qui sont partis pour 14 jours, il faut bien faire de la réclame.
Au II B, jusqu’à ce jour, rien de fait (…) A notre kommando, pas
beaucoup de volontaires, prisonniers nous sommes, prisonniers nous
resterons, voilà la réponse. Mais à moins que nous soyons nommés
d’office, alors il faudra s’incliner ».. Ses camarades et lui
n’accepteront pas, mais les responsables allemands imposent à de
nombreux prisonniers ce nouveau statut.
En juin, il a eu la joie de recevoir une lettre
de sa tante Marguerite, mais a « le cafard » et écrit
à ses parents : « Paraît-il que ceux qui ont de la
famille travaillant à titre civil en Allemagne savent bien dire à ceux
qui ont les leurs prisonniers : Ah ! Vous avez de la chance,
tout pour les prisonniers ».
Courant juillet, il apprend que les hostilités ont
repris en ITALIE, sa chambrée est fournie en lièvre par l’un des
membres d’un kommando voisin qui (sans doute) braconne un peu.

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En août 1943, ils obtiennent une journée à la mer, il a appris à
nager et fait des progrès réguliers en natation :
« Je suis allé à la mer avec des
copains, nous avons emporté notre déjeuner, sardines, corned beef, œufs
durs, gâteaux. J’étais loin des songer lorsque j’étais tout jeune,
qu’un jour, je me baignerais dans la BALTIQUE ».
Roger JOACHIN vient de changer de
kommando, sans doute remplacé par un ex-prisonnier devenu civil. Il est
maintenant affecté à 2 km du sien. Il fait d’ailleurs la connaissance
de Camille FLEURY un prisonnier (resté militaire) originaire de
REBRECHIEN (LOIRET) qui fut cantonné jusqu’au 8 juin 40 à La CHAPELLE
D’ANGILLON.
Début septembre 1943, il pleut, cela retarde la rentrée des
récoltes.
Avec les premiers prisonniers devenant
civils, son numéro de kommando change (sans changer d’affectation).
N° 421
« Dans les kommandos voisins,
l’histoire des prisonniers passant civils est commencée. Seuls les
volontaires passent civils. A notre kommando, le tour n’est sûrement
pas loin, mais je crois que les volontaires ne sont pas nombreux. Le
plus triste dans cette affaire, c’est la division qui existe entre les
prisonniers et les ex-prisonniers ceux qui sont civils maintenant
n’osent plus mettre les pieds dans leurs anciens kommandos, car ils se
font sortir et parfois insulter ».
Le 2, ils assistent à une pièce de théâtre interprétée par
une troupe Française composée de 4 hommes et de 3 femmes. Ils sont en
ALLEMAGNE pour 2 mois seulement. « Après avoir vu et entendu
ces jeunes et charmantes françaises, cela nous a rappelé notre cher
pays ».
Il reçoit encore quelques colis du
Comité : « Le comité a ramassé une belle somme à
l’occasion du 15 août, certainement cette somme ne sera pas toute
dépensée, car nous serons rentrés avant. Tous les jours nous avons de
bonnes nouvelles, y a de la joie, pour nous le plus dur est
fait ». Le temps est beau, ils font quelques photos, mais
depuis peu il y a quelques alertes.
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André
CHABOT et Jules DOUCET sur les bord de la WIPER
(en 2
exemplaires)
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Avis
envoyé au familles de prisonniers
(ceux
qui n’acceptent pas de devenir civil)
concernant
le contenu des colis.
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Les récoltes terminées, il
retourne au moulin. La fin de l’année approche, il pleut, il retombe
malade, peu de temps après une visite médicale et doit même subir une
radiographie du thorax. Depuis peu, il croise souvent César BOUDART, un
prisonnier belge, ingénieur agronome originaire d’HAINANT qui le
fournit de temps en temps en conserves américaines en échange de tabac.A
partir de novembre, les colis « PETAIN » étant suffisant, il
réduit l’envoi d’étiquette. A l’occasion des fêtes de Noël, chaque
prisonnier reçoit un colis du gouvernement riche en victuailles (1
boite. de sucre, 1 boite de. chocolat, 1 boite. de haricots, 1 pain de
guerre, 1 pain d’épice, 1 Kg de viande de bœuf, 1 nougat, 125 g de
bonbons, 4 paquets de cigarettes, 1 pots de café et 1 petit savon).
Il
reçoit une carte de son cousin René GRANGIER et quelques photos de son
mariage (non retrouvées)
1944
Pas de
courrier en janvier et
février 1944, le premier date
du 29 févier. Depuis peu, il envoie plusieurs lettres en signant
Alexandre GIRARD, il s’agit d’un camarade de chambrée, qui n’a que très
peu de famille, et qui lui permet d’utiliser en quelques occasions une
partie de son contingent de lettres et son nom.
Il apprend qu’AVORD (base aérienne au Sud de BOURGES) a été bombardée.
Il fait beau, les grands froids sont passés, il travaille toujours au
moulin. Il écrit à ses parents qu’il n’est plus nécessaire d’envoyer
autant de colis : « Il commence à y avoir du
gaspillage », mais il tient surtout compte des restrictions de
plus en plus dramatiques.
Début mars, il fait passer un mot pour sa sœur
Lucienne, à l’un des ses copains tombé gravement malade (une longue
lettre qui passerait ainsi au travers de la censure) dont l’état
justifie un rapatriement sur PARIS (là où elle vit maintenant depuis
quelques mois). Il joint aussi l’adresse de la sœur d’un autre
prisonnier qui vit près de chez elle. Il demande également 250 g de
semences de haricots.

Il commence en avril les travaux dans les champs et le jardin de ses patrons
où il sème ses haricots.
Cependant à partir
de mai, le courrier devient plus rare à cause des combats. Ils font
quelques photos sur les bord de la WIPER (il aime y aller, cela lui
rappelle la SAULDRE et la NERE) après 5 semaines de d’isolement suite à
l’évasion de l’un des leurs : « un copain qui
travaillait avec moi ». Cela a valu à l’ensemble des kommandos
une sanction de 3 semaines et 2 semaines supplémentaires pour le
Kommando de l’évadé. Ses parents lui disent que BOURGES a été bombardé
mais qu’il n’y a eu que très peu de victimes, « mais j’ai bien
peur que ça n'en reste pas là ». Ceux-ci demandent à Lucienne
de revenir à AUBIGNY : c’est plus sûr que PARIS. Ils perçoivent
pour la première fois un colis américain de 5 Kg. En fin de mois, il
passe avec quelques camarades une journée à la mer : « nous
avons emmené à manger et 4 l de bière, je me suis baigné et j’ai pris
un bain de soleil ».

RUGENWALDE 14 mai 44
au bord de la WIPER
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RUGENWALDE 14 mai 44
André CHABOT et Jules DOUCET entre 2 camarades au bord de
la WIPER
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Lucienne rentre début juin à AUBIGNY, mais elle a eu le temps de voir le copain de
son frère rapatrié de RÜGENWALDE.
Courriers et colis se font encore rares,
ces derniers sont d’ailleurs déballés en présence d’une sentinelle et
remis en échange d’un reçu qui est retourné au stalag. Il précise aussi
comment se déroulent désormais les visites médicales : Elles ont
lieu 2 fois par semaine, les mardis et vendredis à l’hôpital local. Les
cas graves restent sur place, mais les malades transportables rentrent
au stalag.
Le 12, il écrit à ses parents qu’ils n’envoient plus de colis,
ce n’est plus utile : « Avons confiance de voir finir la
guerre cette année. Notre belle province normande va comprendre avec ce
débarquement ». Ils perçoivent maintenant chacun un colis
américain par mois, un très bon colis avec corned beef, 2 boites de
charcuterie, 1 boite de lait en poudre, 1 boite de saumon, 1 boite de
café, 1 boite d’orangeade, 1 boite de pruneaux, 1 boite de margarine, 2
savons, 5 paquets de cigarettes, un fromage, 250 g de sucres, biscuits.
De plus de nombreux stocks de colis ont été détruits par les
bombardements et leurs geôliers ne leur donnent plus d’étiquettes. Il
apprend aussi que la FRANCE connaît une forte sècheresse, « la
misère sera encore plus terrible ».
A la fin du mois, ils sont en pleine
fenaison, le temps est superbe, il fait de nouveau quelques photos sur
le bord de la WIPER.

Baignade et canotage dans
la WIPER
avec André CHABOT (à
gauche dans la barque et à droite dans la WIPER)
et Roger JOACHIN (à
gauche dans la WIPER), le 25 juin 1944
Début juillet, il écrit à Lucienne (en utilisant le nom de Alexandre
GIRARD) : « Notre riche et florissante NORMANDIE est
aujourd’hui le théâtre d’une terrible bataille où est engagé un
important matériel qui fait de nombreuses victimes civiles. J’ai appris
que la ville D’ORLEANS avait été bombardée. ».
De plus il apprend seulement maintenant
que le père de son ami Gaëtan « est en ALLEMAGNE ». Il
écrit à Simone (toujours en utilisant le nom de Alexandre GIRARD) qu’il
vient de recevoir de ma grand-mère une lettre, qui a été
censurée : « Anastasie avait donné des coups de ciseaux,
j’ai lu seulement dans la phrase Jeanne et son mari sont arrivés au
Poitou (ferme prés d’AUBIGNY), Aujourd’hui Jules perçoit un paquet
américain ». Enfin il écrit à ses parents en utilisant son nom
« Nous attendons la fin. Que d’arrestations, à AUBIGNY,
c’est malheureux de voir cela ». La milice est dans cette
période de plus en plus féroce.
Début août, ils perçoivent des colis de la Croix
Rouge. Le groupement des prisonniers parisiens organise une soirée
(jusqu’à 23 H 30) en faveur des sinistrés de PARIS (pâtisseries, bière,
ventes aux enchères, orchestre, chansons) : bénéfice 2000 RM
(40000 F). Mais il précise à ses parents que vu la situation, il
n’enverra plus d’argent « que vaudra-t-il à notre
retour ». Il continue à travailler dans les champs et au
moulin, coupe du bois chez un charretier et commence à récolter ses
haricots. Maintenant le soir, ils peuvent écouter la radio. « Lorsque
vous recevrez cette lettre, vous serez peut être américains ». Ils
reçoivent aussi des colis canadiens (avec du beurre), mais n’ont droit
d’écrire que 3 lettres par mois (plus de cartes). Celles-ci transitent
depuis peu par GENEVE (via la Croix Rouge Internationale). Il sait que
la FRANCE se libère et l’écrit à ses parents : « Les
alliés à ORLEANS, cela les rapproche d’AUBIGNY. Souhaitons tous que
PARIS soit déclarée ville ouverte, chose peut être faite au moment où
j’écris ces lignes. Alexandre ne vous écrira certainement plus
maintenant. J’ai fait l’inventaire de mes affaires en cas de départ
brusqué car c’est chose possible». Il fait beau et avec quelques
amis ils ont passé une belle journée au bord de la mer.
Il reçoit les 21 et 28 juillet,
2 lettres (de sa sœur Lucienne et de son patron).

au
bord de la BALTIQUE le 13 08
1944
KOPTNITZ le 17 09 1944
Ils ne
reçoivent à partir de septembre ni colis ni courrier (BOURGES a été libéré le 6). Le
ravitaillement est toujours bon, la région est calme, ils travaillent
peu : semis du seigle, ramassage des pommes de terre. Il a été
avec son kommando dans les kommandos voisins et ont fait quelques
photos. Il revoit Roger JOACHIN et César BOUDART qu’il n’avait pas vus
depuis quelques mois. Il écrit à ses parents qu’il pense que la guerre
ne va plus durer et qu’il espère passer Noël avec eux. Il ne reçoit
bien sûr plus de journaux français, mais arrive à avoir des
informations dans un journal allemand « mais il faut en
prendre et en laisser ».
« Comme toujours, vu les
évènements, toujours sans nouvelles, ainsi que les camarades ».
Les colis américains sont plus rares,
mais ils parviennent à se débrouiller entre kommandos pour améliorer le
ravitaillement (il récupère du lait en poudre en échange de pommes). La
région est encore calme, mais il pense y fêter ses 30 ans.
En novembre 1944, il dit qu’il aimerait avoir des
nouvelles de FRANCE et demande si Lucienne est retournée à PARIS. Ils
enterrent 2 des leurs, un belge père de 3 enfants et un français
célibataire. Il déposent 2 couronnes sur leurs tombes, et organisent
une soirée théâtrale ainsi qu’une vente aux enchères pour récupérer de
l’argent : 400 RM sont récoltés pour la veuve et ses enfants.
L’hiver est là, il fait nuit dès 16 h, beaucoup jouent aux cartes, mais
lui préfère toujours la lecture (ils ont accès depuis peu à une belle
bibliothèque en ville). Ils ne travaillent quasiment plus et ont de
nouveau droit à une carte par mois en plus des lettres. « Alexandre
est toujours en bonne santé, et maintenant c’est moi qui lui rend
service ».
Fin novembre, il reçoit enfin un message de ses parents. Les
courriers et les colis de la Croix Rouge Française arrivent de nouveau,
c’est pour tous réconfortant.
Ils passent un bon Noël, les nouvelles de FRANCE sont des plus
réjouissantes. Ils font un bon dîner, ont droit à du théâtre, à la
messe de minuit et le 25 à 10 H à une grande messe dans une salle de la
ville.
Mon grand-père fait lui-même le repas de
Noël pour ses amis André CHABOT, Roger JOACHIN, Alexandre GIRARD, ainsi
que Henri ROSSIGNOL, un copain de régiment qu’il n’a revu que
récemment, et un autre originaire de La ROCHELLE.
Il achète une lettre supplémentaire au
Secours Mutuel du Stalag II B (en faveur des familles des prisonniers
qui sont sinistrées) et écrit à son patron « Encore un Noël en
captivité, mais je crois que c’est le dernier ».

14 Mai 1944

12 Juin 1944
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10 juillet 1944
1945

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Il envoie sa dernière lettre le
26 décembre 1944
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étiquette 1945

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1945
Il n’envoie plus de lettre en 1945, mais
ce qu’il vit en ce début d’année est identique à ce qu’il a vécu fin
1944 :
Ils attendent de pouvoir rentrer en
FRANCE. Ils font encore quelques photos, et sont autorisés encore
quelques jours à envoyer du courrier.

07 01 1945 RÜGENWALDE (STADTIVALDE)
Jules DOUCET à gauche (photo en 2 exemplaires)
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07 01 1945 RÜGENWALDE (STADTIVALDE)
André CHABOT (2° à partir de la gauche)
Jules DOUCET à droite.
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07
01 1945 RÜGENWALDE (STADTIVALDE)
Jules
DOUCET (1° à partir de la gauche).
André
CHABOT (2° à partir de la gauche)
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07
01 1945 RÜGENWALDE (STADTIVALDE)
André
CHABOT (1° à partir de la droite)
Jules
DOUCET (2° à partir de la droite).
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Les 3 et 4 mars 1945, tous les prisonniers affectés à
RUGENWALDE quittent leurs kommandos et partent pour rentrer dans leur
pays. Ses patrons, propriétaires du château et de la ferme ont fui
devant l’avancée des russes.