HAMMERSTEIN
XXII
Voulez-vous que je vous présente ceux qui ont partagé mon sort dans la
"piaule" de Zamborst
?
Rendons à César ce qui appartient à César, et commençons avec le plus
ancien parmi nous.
Robert,
Adjudant de l'Artillerie de Tirlemont, maître d'armes à l'Armée, cuistot
en captivité. Très sensible au cafard. Un camarade de toute première
classe, qui sera rapatrié comme malade en 1943.
Albert,
Maréchal des logis chef du Corps de Transport, originaire de Verviers.
Il fera le jardinier à la ferme Kadow, de 1942 jusqu'à la fin.
Joseph,
de Brugeletti, 1° Sergent-Major des Services Administratifs,
d'expression Française, calme mais vif d'esprit. Manipule la pelle comme
la fourche, ce qui veut dire ni l'un ni l'autre. Sera rapatrié en
février 1944 comme malade, après avoir passé encore plus d'un an au
Stalag à Hammerstein.
Fernand,
de Charleroi, sous officier de la gendarmerie, un Wallon dans le vrai et
dans le bon sens du mot. Il possède d'ailleurs toutes les qualités et
les défauts de son origine. Il est très serviable et toujours au " qui
vive " pour améliorer le confort dans la piaule.
Aubin,
de Marienbourg, sous officier de la Gendarmerie. Un coeur d'or mais une
langue de caoutchouc. Il n'est jamais content, déjà en se levant au
matin il trouve que le café est trop froid ou trop chaud, plus tard dans
la journée : l'outillage ne vaut rien, l'eau est trop froide, les pommes
de terre trop salées, la paillasse trop dure, le service postal trop
lent et mille autres remarques. Au début il nous rendait la vie dure
mais après quelques semaines son bavardage nous semblait plutôt une
distraction bienvenue. Une anecdote sur son compte. Quand, au printemps
de 1942 les premiers convois d'Ukrainiens déportés arrivaient en
Poméranie, la ferme Finck était servie d'un groupe se composant de sept
hommes, une vingtaine de femmes et autant d'enfants, tous dans un état
pitoyable. Aubin prenait sa besace, versait le contenu aux pieds des
enfants en leur disant : "Voilà, mange, mange tout, mais attention ...
ne collaborez jamais avec eux ". Il sera rapatrié en 1943 comme malade.
Oscar,
sous officier du 2° Régiment de Ligne. Un vrai Gantois qui prononce le
Français et l'Allemand comme son Gantois.
Pol,
d'Anvers sous officier de l'Artillerie lourde. Petit mais vivant. Il
devient pâle chaque fois qu'il entend prononcer le nom du Singe ou de
Manneken Pis. Il sera rapatrié le I° Octobre 1941, une surprise pour lui
comme pour nous.
Son remplaçant dans le Kommando est
Albano
de Namur, sous officier du 2° Régiment des Chasseurs à Cheval. Il est le
benjamin du Kommando car il est fait prisonnier alors qu'il n'avait à
peine que dix huit ans. Après une adaptation longue et difficile
à cause de son jeune âge, il est devenu un homme qui, plus d'une fois,
poussera la résistance jusqu'à l'extrême limite.
Maurice,
pour nous " de Witte " (le blond) pour sa chevelure blonde, est un sous
officier de l'aviation. Un Pallieter Brugois sur qui le cafard n'a pas
de prise. Est capable de jouer des blagues les plus risquées, mais il
connaît l'art de se tirer magistralement d'affaire. Il est en quelque
sorte l'optimiste du Kommando.
Staf,
de Saint-Nicolas Waas, sous officier du Régiment des Grenadiers. Sportif
au maximum. Il connaîtra un souci constant : " Comment leur faire payer
le mal qu'ils nous font ". Il est un camarade parfait, nous passerons
toutes ces années de captivité ensemble, sa dernière tranche de pain
comme ma dernière cigarette, seront coupées en deux.
Reproduction
de l’annotation rédigée par l’Adjudant de première classe BAERT
BAERT
ADJUDANT1KL
Secretans Plaats
Aken
BPS 9
FIN
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